OUSIA 



  Sois la lame de le petite herbe,
et tu seras plus grand que l'axe de l'univers.  


Le monde ne change qu'en nous...

     
  <    Ce n'est pas moi qui crie, c'est la terre qui tonne (Attila József)    >

 
     

Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :
Celui qui me connaît - celui qui m'aime -
Et, comme moi dans le vide voguant,
Voit l'avenir inscrit dans le présent.
Car lui seul a pu, toute patience,
Donner une forme humaine au silence ;
car en lui seul on peut voir comme en moi
S'attarder tigre et gazelle à la fois.

(Attila József)

Ce n'est pas moi qui crie, c'est la terre qui tonne,
Gare à toi, gare, car le diable est devenu dément,
Fuis au fond des sources pures et profondes,
Plie-toi dans la plaque de verre,
Dérobe-toi derrière la lumière des diamants,
Sous les pierres, parmi les insectes rampants,
Ô cache-toi dans le pain frais,
Mon pauvre, pauvre ami.
Infiltre-toi dans la terre avec les pluies nouvelles —
C'est en vain que tu plonges son visage en toi-même
Tu ne pourras jamais le laver que dans l'autre.
Sois la lame de la petite herbe,
Et tu seras plus grand que l'axe de l'univers.

Ô machines, oiseaux, feuillages et étoiles !
Notre mère stérile réclame un enfant.
Mon ami, mon amour d'ami,
Que cela soit terrible ou sublime,
Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne.



Moi si heureux en tant qu'homme vivant,
Moi tels les mots parlant pour l'éternel,
Ah ! que je crie au ciel, comme toujours :
O ma [Isa], je t'aime !
Un souffle doux et mille sortilèges
De toi m'ont fait ton chien obéissant ;
Tes sages doigts, le signe qu'ils m'adressent
Me font être homme enfin !
Toi, belle et large coupe, tu es là,
Le ciel en toi est un bouquet de fleurs.
Fleurs de soleil, nuages, feuilles vives
Contre le soir se penchent.
Mon âme, destrier, tu la chevauches :
Les eaux, les champs, à peine il les effleure !
De tes beaux yeux couvrant herbes, insectes,
Jaillit la raison pure.
C'est le soir, tout autour sont les étoiles,
Vois l'univers, cette cage dorée...
Et comme elle t'enferme, ô mon petit
Oiseau emprisonné !