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  Aaaah, les blaireaux !...  


Le blaireau dans la campagne cynégétique meusienne 2008/2009

     
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Le blaireau est, en France en 2008, une espèce "chassable"

Bar-le-Duc, le 6 juin 2008

De :
OUSIA, être(s) humain(s) sur la Terre
41 rue Montant
55 000 Bar-le-Duc

A :
Monsieur le Préfet
Préfecture de la Meuse
40, rue du Bourg
55012 Bar le Duc Cedex


Objet : le blaireau et l’Arrêté relatif à la campagne cynégétique meusienne 2008/2009


Monsieur le Préfet, Vous venez, en date du 20 mai 2008, de signer un « arrêté relatif à l'ouverture et à la clôture de la chasse : campagne cynégétique 2008/2009 » ; cet arrêté n° 2008 – 0144 cible, encore une fois, l’espèce « blaireau » comme gibier.
En son « Article 2 :Ouvertures Spécifiques », sous-titre « VENERIE SOUS TERRE », il autorise « [l]a chasse du blaireau par vénerie sous terre […] du 15 mai 2008 au 15 janvier 2009 » ; c’est-à-dire que la Préfecture de la Meuse autorise d’emblée et sans autorisation spéciale la "période complémentaire".

Nous tenons à rappeler que l’accouplement des blaireaux a lieu de janvier à mars ; les naissances, elles, ont lieu au début de l’année suivante. Les jeunes blaireaux ne sortent du terrier qu'au bout de plusieurs mois.
C’est-à-dire que la période complémentaire (du 15 mai au 15 septembre), aimablement accordée, accepte que soit indirectement chassé des individus non adultes ; ceci alors même que la mortalité des jeunes est forte (50 % des jeunes périssent dans leur première année). En effet, cette période complémentaire est ouverte à une date (15 mai) à laquelle les jeunes blaireautins sont encore dépendants des adultes.

S’il ne fait heureusement plus partie de la liste des nuisibles depuis 1988, le blaireau est encore considéré comme gibier en France !

En période de destruction, le déterrage - ou vénerie sous terre - consiste à faire capturer par des chiens un animal dans son terrier, puis à creuser une tranchée avec des pelles ou autres outils de terrassement, pour le saisir après plusieurs heures de harcèlement à l’aide de pinces métalliques dans l’accul où le maintiennent les chiens - introduits par les déterreurs - avant de l’achever.
Les femelles gestantes ne sont pas même épargnées.

Pour ne pas freiner et contrecarrer le plaisir cynégétique, l’article 6 de l’arrêté susmentionné et titré « La chasse en temps de neige » autorise la chasse en temps de neige pour la vénerie sous terre. Ouf ! Il n’y aura pas de répit possible.

Certes, "une demande" existe concernant la chasse et le piégeage des blaireaux… Chasseurs et piégeurs accusent le Blaireau de commettre des dégâts.

En vérité :

- les dommages aux cultures. sont peu importants.
« Les dégâts que le blaireau peut faire dans les cultures ne sont gênants que très localement et ils portent principalement sur le maïs, le blé, l’avoine et la vigne » (Bulletin mensuel de l’Office National de la Chasse - n° 104)

- les méthodes préventives sont efficaces.
« La méthode préventive apparaît être la meilleure pour éviter les dégâts [...] La pose d’un fil électrique à 15 cm du sol a fait la preuve de son efficacité. » (Bulletin mensuel de l’Office National de la Chasse - n° 104)
Une cordelette enduite de répulsif tendue à 15 cm du sol avant la période prévisible des dégâts joue le même rôle.

- les terriers susceptibles d’entraîner des affaissements de terrain ne sont gênants que s’ils sont creusés au bas de digues. Il suffit d’en faire fuir l’occupant en y introduisant des chiffons imbibés d’un répulsif et de reboucher.

Le Blaireau est une espèce patrimoniale fragile, avec un faible taux de reproduction, et une dynamique de renouvellement lente. Il facilite la régénération et la dispersion de certaines graines. Il participe sans doute à la régulation de pullulation de nombreux insectes, vers et rongeurs. L’espèce est indiquée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN - réseau d’organismes et d’experts) comme à surveiller ; elle peut être considérée comme indicatrice de biodiversité et du bon fonctionnement de grands ensembles paysagers.
Monsieur le Préfet, n’est-il pas temps que l’Etat et ses représentants prennent en compte la diversité biologique dont l’Homme est originaire et une composante ?

Récemment, une mobilisation exemplaire des associations de protection de la nature n’a hélas pas suffit à convaincre les représentants de l’État d’interdire le déroulement les 16, 17 et 18 mai 2008 à Cluny du « championnat de France de déterrage ». Conférence, exposition, animations dans les écoles … et grande manifestation dans les rues de la ville ont permis de mettre en avant l’anachronisme d’un événement supporté par les chasseurs les plus extrêmes. En quelques semaines, la centaine d’associations participantes à cette mobilisation [dont les associations meusiennes OUSIA – être(s) humain(s) sur la Terre et Meuse Nature Environnement] a obtenu 9.000 signatures pour l’interdiction de ce championnat et l’abolition du déterrage.
Vous seriez, Monsieur le Préfet, bienveillant et exemplaire en annulant cet arrêté relatif à la campagne cynégétique meusienne 2008/2009.

Aujourd’hui, la protection du blaireau est actée dans de nombreux pays voisins. C’est le cas en Belgique (depuis 1992), Grande-Bretagne, Italie, Irlande, Espagne, Grèce, Pays-Bas et au Luxembourg…
Faut-il vraiment que la France soit la dernière en matière de protection de la faune sauvage et plus généralement en ce qui concerne la biodiversité ?

C’est pourquoi nous contestons d’abord la période complémentaire de vénerie du blaireau et plus largement la chasse – sous quelque forme que ce soit – du blaireau.
En effet, la période complémentaire s’ajoute à la saison de chasse. Le blaireau est chassable plus de huit mois dans l’année. Scientifiquement contestable, cette chasse n’a pas de justification autre que le divertissement des chasseurs.

Bénéficiant de votre représentation de l’Etat, nous voulons, par ce courrier, dénoncer l’organisation de tout « championnat de France » de déterrage.
Eriger la destruction d’animaux sauvages en « championnat national » est une idée et une action anachronique, à l’encontre des actions de connaissance, d’observation et de respect de la faune sauvage qu’organisent depuis longtemps les associations de protection de la nature avec des objectifs éducatifs et pédagogiques.

Enfin, nous réclamons une politique active et volontariste en faveur de la diversité biologique.
Pour une véritable politique écologique : les autorisations concernant les campagnes cynégétiques doivent être le résultat d’accord(s) entre, non seulement les chasseurs, mais aussi les éthologues, les services de l’Etat, les naturalistes spécialistes de la faune, les représentants politiques, les "gestionnaires" de l’espace rural (propriétaires forestiers, agriculteurs, ONF, etc.), les "anti-chasse", les usagers de l’espace rural, etc.

Dans cette perspective :

- la Meuse pourrait initier un élan en annulant cette double périodes de chasse du blaireau ;

- la France pourrait symboliquement montrer la voie en procédant au classement du blaireau parmi les espèces protégées

Monsieur le Préfet, certes des hiérarchisations sont indispensables en matière de politique écologique : l’Humanité est ainsi au centre des préoccupations.
Mais le plaisir d’une infime minorité (chasseurs humains) ne doit pas se faire au détriment des conditions de vie de la majorité (humains non chasseurs et non humains).

Recevez, Monsieur, nos respectueuses salutations.

p/o OUSIA
Bruno BISSOT


Copies à :
Conseil Général de la Meuse, service Environnement
Conservatoire des Sites Lorrains
Direction Régionale de l’Environnement en Lorraine
Messieurs les Députés de la Meuse
Messieurs les Sénateurs de la Meuse
Meuse Nature Environnement
Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
Mirabel – Lorraine Nature Environnement
Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage





Cruauté et inutilité de la chasse aux blaireaux et de ses méthodes...